Certains chasseurs l'appellent "cochon". En patois chez nous, autrefois, c'était aussi le "couchneill'" (prononcez "kuchney") ; pour la laie, ce peut être également "la coche". Quelle vulgarité pour un animal noble, rusé, méfiant comme le SANGLIER, auquel on devrait conserver ce si beau nom !
Si je l'ai beaucoup traqué avec mes chiens, espéré à l'affût et recherché à l'approche, je ne l'ai jamais beaucoup photographié.
Il n'était pas très répandu lorsque j'ai commencé la photographie animalière. Le matériel photographique permettant d'opérer par la lumière faible qui sied au suidé n'était pas encore au point dans les années 70.
L'extension prodigieuse des effectifs, les progrès des boîtiers, des objectifs et l'apparition du numérique ont complètement changé la donne.
Les sorties, réalisées à quelques minutes du domicile sur des territoires (vous avez dit "veinard" ?) où les plans de chasse ont été multipliés par quatre en 20 ans, permettent des opportunités de rencontres régulières et offrent au passionné la possibilité de réaliser une multitude de clichés, sans souci du coût, et permettant le choix in fine de quelques souvenirs parlants.
RECIT : train de sangliers sur la voie ferrée
Sur cette ancienne voie ferrée, très tôt, je craignais faire trop de bruit sur les cailloux de l'ancien ballast. Au moins cinq ou six laies suitées avec un beau ragot, des marcassins joueurs très bigarrés, tout ce monde s'arrête un bon moment sur la voie, comme pour attendre le passage du train de nos ancêtres. Une seule laie m'a vu à une quarantaine de mètres(j'allais dire quatorzaine, ce serait prétentieux quoique d'actualité..) mais elle me l'a joué "on méprise" façon "tontons flingueurs" et a poursuivi le chemin qui menait le défilé de cette manifestation pacifique et autorisée jusqu'à une ligne que je fréquente quasi quotidiennement parce qu'agrainée.
Cela dévalorise de beaucoup l'exploit mais cela le facilite grandement !
Après m'être assuré du sens du vent(en photo animalière, comme en politique, c'est vital..), après
un quart d'heure d'attente, j'ai repris, par une courte montée, la route d'un petit coin d'affût qui me permet presque à chaque fois de photographier les habitants de ces lieux. Ce matin encore, c'était deux biches suitées
accompagnées de deux jeunes cerfs(heureux présage en ce début septembre aux airs de Toussaint par endroits)
A cet endroit stratégique, je retrouvai, comme espéré, une partie du train de suidés,
sans doute la dernière : deux laies avec une bonne douzaine de marcassins. A une quarantaine de mètres d'abord, puis se rapprochant jusqu'à venir à moins de dix pas pour le marcassin le plus impétueux. C'est lui qui démasquera
l'intrus dont l'index commençait à atteindre la surchauffe à force de déclenchements. Nullement inquièté par les grognements du petit, le ragot se montrera à une quinzaine de mètres dans le taillis, laissant
ainsi mesurer la hauteur d'un garrot que je ne voudrais pas avoir à affronter. Il disparaîtra également dans le silence absolu et déroutant que peut respecter une imposante compagnie de sangliers lorsqu'elle a senti le danger.
La pièce avait duré une bonne heure et demie.
Il y aura d'autres représentations mais pour ce matin dominical, c'était relâche : les cerfs et biches, plus susceptibles, avaient pris le relais. Ils paraît
qu'ils répètent un grand spectacle qui doit durer un bon mois . Certaines de ses vedettes semblent être arrivées sur place .
Le titre : "le virus du brame". Il faut bien s'adapter...
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